ECRITURES
CE QUE LE CONTACT IMPRO FAIT À MES PERCEPTIONS
Après un temps
d'improvisation ou jam, il est fréquent que certains danseurs prennent
un temps pour écrire ou dessiner.
En février 2021, j'ai eu l'opportunité de pratiquer seule à seule avec Pascale Gilles, danseuse post-moderne et enseignante (notamment des Tuning Scores). Après un temps de rencontre par le toucher et l'échange du poids de nos corps, prêtant attention à ce que le contact produisait en nous-mêmes, Pascale m'a invitée à un temps d'écriture automatique. Chacune avons écrit à notre façon. Voici ce qui arriva tant dans mon expérience que, au fond, dans mon écriture.
Le sol est lisse. Mon corps est dessus. Tout froid.
L'air est là. Nous sommes un peu là.
Fracas silencieux. Une part de moi est touchée. Par quoi? Je ne sais pas.
Velouté chaussette!
Le sol est moi. Elle, elle est dans l'air et sort du sol.
Picotements, scintillement. Je respire des picotements sur des lieux de moi grâce à toi, Velouté Chaussette.
C'était où déjà? Les murs sont avec l'air et collent à nous.
Mon corps est de la vieille lave. Je coule avec rires avec vertèbres dans les membres.
Des cheveux, mais surtout une invasion de petits chevaux. Trottent et picotent pour me donner une direction.
Je suis bien trop occupée à capter les information du galop tactile. Je n'ai pas le temps d'atteindre.
... Mais pour aller où?
Les cloches sonnent en se balançant. Je les vois dans mon thorax. Leur bruit est couvert par les minuties nomades courant sur peau et textiles.
Je découvre que je peux respirer et être avec toi. Je suis à la maison dans ton dos. Les fenêtres scintillent et nous tapotons des doigts dessus.
Je ne sais pas si je sens ton intention mais ma colonne est prête quand tu touches mes membres. Mon bassin prend des décision de capitaine de bateau. Bâbord, Tribord! Le coccyx en figure de proue. Ma tête suit comme une queue.
Trop de toucher, marée montante.
Je ris pour respirer encore mieux.
Mes yeux sont touchés par tes yeux qui scintillent et tout mon corps disparaît d'un seul coup.
Puis le poids revient. Ma masse se pose sur les leviers, pilastres, échafaudages d'os et de bois, tous en mouvement.
Je suis en mode de survie. Le minimum est énorme.
Ca fait longtemps. Non, c'est nouveau!
Je ne sais pas mais mes rotules glissent pour nous sur le sol.
Trop devient tout devient là. Je ris.
C'est plein de textiles et d'air, cette danse!
Tu tires et tu pousses. Tout mon corps n'est pas présent à cela mais une partie seulement.. puis, le tout vient.
Une partie, puis le tout. Tout ne peut pas être là. Je viens de loin. J'essaie d'arriver entière ici.
Tes doigts dans mes omoplates, tu téléguides mes bras.
Comme je les vois bouger, je leur ouvre ma gorge et les bras rugissent.
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ÉCRITURE AUTOMATIQUE POST-JAM
Tendre la main avec des micro-antennes sur le bout des ongles.
Des yeux de mouches logés dans les tâches de rousseur de ma peau.
Le
sol vient à moi comme un tapis roulant de supermarché, m'apporter les
têtes, les coudes, les creux des genoux que je scanne en silence.
Mon attention est telle que j'ai arrêté de respirer.
Un
mur de poupées de chiffon se lie contre ma progression. Une se dérobe.
Une autre la remplace. C'est infini. Je n'y arriverais jamais. Je veux
dire: je n'arriverai jamais de l'autre côté. Leurs frottement sont des
ressacs de bords de mer. Ils me chavirent. Mais je maintiens le cap. Cap
Cap. Cap' ou pas cap'? Capitaine Lynx aux tentacules feutrées.
Tout s'ouvre soudainement.
Je navigue sur le bois. La rumeur est derrière moi . Elle chatouille encore ma nuque.
Mon front pénètre l'invisible droit devant.
Éphémère mantra de la mente religieuse, ma tête bourdonne un cri de vide.