PROJET VESTIGES
Une PERFORMANCE entre mémoire tactile et mémoire fossile
Des lumières rasantes, le ressac de la mer.
Des hommes, des
femmes, des enfants avancent et reculent.
Des apparitions, des disparitions.
Des vagues
Des danses possédées du souvenir de l’étreinte, des
lumières qui rongent et des obscurités qui révèlent.
Puis, le soulèvement de la
terre et la disparition de la mer.
Aujourd’hui, quand la montagne craque, des ammonites s’évadent.
La danse dans Vestiges circule entre les corps, les sons, les lumières et de mystérieux fossiles. En faisant de la tendresse humaine, son espace de compression et d’expansion, Vestiges honore le temps et la nature qu’il nous reste
LE Propos de VESTIGES
Ce projet est la suite de deux projets précédents : Jubilee et Closeness. Il s’agit donc d’une trilogie, dite "tactile", dont les concepteurs sont Hélène Marcelle et Laurent Ziegler, photographe, plasticien et performer autrichien. Jubilee est un court-métrage de danse évoquant le désir et le pardon, tourné au Parc du Cinquantenaire (« Jubilee Park » en anglais) à Bruxelles (voir ci-dessous la vidéo!). Closeness est un travail photographique réalisé à Vienne par Laurent Ziegler. Ce projet consiste en des portraits de duos (couples, amis, cousins, voisins, etc.) donnant à voir, dans une profonde sobriété, la reliance. La série inclut aussi les portraits du duo Laurent Ziegler et Hélène Marcelle.Vestiges poursuit ce cheminement en posant la question « que reste-t-il ? ». Premièrement, la question est posée en regard de ce qui a déjà été exploré précédemment avec Jubilee et Closeness. A la suite de la rencontre fortuite et effrayante de Jubilee et de la sacralisation du lien humain dans Closeness, Vestiges danse l’empreinte de la tendresse, telle que des hommes, des femmes et des enfants d’aujourd’hui se la remémorent auprès de la chorégraphe. Vestiges danse aussi l’étreinte du temps et de la gravité qui fossilisent et enfouissent dans la densité de la matière de mystérieux secrets. Sans pathos, ni jeu dramatique, sans se cantonner à la seule scientificité du discours géologique, Vestiges navigue dans l’espace poétique s’étirant de la mémoire fossile à la mémoire tactile. En composant une réponse ouverte, Vestiges invite à la contemplation de ce qui persiste, de ce qui éclaire et de ce qui s’oublie.
Notre question est
de notre temps. Ainsi, lors de son discours au Collège de France le 10 avril
2019, la chorégraphe belge Anne Teresa De Keersmaeker l’exprimait ainsi :
« Que reste-t-il, en effet, que nous reste-t-il, lorsque le
nihilisme d’une époque se déchaîne ? Je m’interdis de dire qu’il ne reste rien.
La chorégraphe que je suis se doit de répondre : il nous reste notre
corps. Notre corps nu. L’esthétique a croisé mes préoccupations politiques,
éthiques, écologiques, et quelque chose s’est cristallisé pour moi, que
j’appelle : la célébration de l’humain. Je veux dire par là : une
célébration des pouvoirs de l’humain à l’intérieur de sa nudité même.
Une célébration de l’humain en tant qu’il coparticipe à la Terre et à sa
soudaine détresse. (…) L’horizontal, le
vertical, la marche et le souffle, et puis tourner et sauter, et puis chercher
l’envol et défier la gravité. C’est à peu près tout. C’est « ce qui
reste ». Mais ce tout petit nombre de choses, cette réserve naturelle
qu’est demeuré notre corps humain, il nous est encore permis de le sonder avec
le sens de l’infini. Car je pense, avec une foi très farouche, que le corps est
un inépuisable réservoir de mémoire »[1].
La démarche de Vestiges se situe exactement au coeur de ce réservoir humain et à l'échelle de notre espace-temps géologique, dont les fossiles sont les vestiges muets. La collision entre ces deux dimensions, humaine et géologique, concourt à produire autre chose, une "émergence" comme dirait Nita Little, qui soutient la chorégraphe dans cette nouvelle réalisation. Cette émergence, curieusement, n'est pas tendre. Cette émergence est une nouvelle ouverture, inquiétante et réjouissante à la fois.
LA TRILOGIE TACTILE
JUBILEE | CLOSENESS | VESTIGES | |
ANNÉE | 2016-2017 | 2018 | 2021 |
MEDIUM | Court-métrage couleur, 8 minutes | Photographie | Mouvement, son, lumière et installation |
STYLE | Film de danse | Portraits | Performance et film |
DIRECTION | Hélène Marcelle et Julien Marcelle | Laurent Ziegler | Hélène Marcelle |
SCÉNOGRAPHIE | Extérieur : mur, porte, robe grise, lumière froide, sons de souffle Intérieur : mur, cave, corps nu, lumière chaude | Intérieur : mur noir, vêtements noirs, bras et mains nus, lumière crue, contraste fort, diversité de duos. | Intérieur : mur blanc, vêtements écru, kaki ou noir, faisceaux de lumière et clignotements, soundscape minéral et océanique. |
PITCH | Emboîtés l’un dans l’autre, goûtant à un lien secret, deux rêves solitaires entre désir et colère. | Le lien humain. Nous connecter l’un à l’autre, nous atteindre, nous solliciter et nous recevoir. | Entre mémoire tactile et mémoire fossile, la nature qu’il nous reste. |
IDÉES | L’espace (emboitement ou séparation), Refoulement, désir, blessure, pardon. | Le lien manifeste, le toucher, l’intimité, l’universel. | Le temps, le souvenir, le toucher, la tendresse, la compression, la fossilisation, la mémoire géologique. |
ACTIONS DES CORPS | Deux solos dans deux univers distincts. Des mains qui cherchent à prendre. Des mains surgissant de nulle-part et envahissent. Une résolution entre les mains. Deux corps de nouveau seuls. | Duos assis, l’un devant l’autre, les yeux fermés. Des couples, des amis, des cousins, variété de relations. L’un cache l’autre. Le caché apparait avec les mains. Des mains qui rencontrent l’autre et son reçues. | Un solo spatialisé en 4 structures géométriques avec 6 séquences de mouvements modulés selon l’intensité du toucher (réel ou remémoré). |
TOUCHER | Irréel et fantasmé | Réel et présent | Réel mais passé |
[1] A.T. DE KEERSMAEKER (2020), Incarner une abstraction, Arles, éd. Actes sud, coll. Le Souffle de l’Esprit, pp29-30.
STAGES DE RECHERCHE-CRÉATION
Quand les corps se remémorent la tendresse humaine, des montagnes se
soulèvent et des fossiles brûlent au soleil. Vestiges est l'espace de
toutes les compressions, des plus douces aux plus fatales.
Stage en cours de préparation pour Printemps-Été 2023
Des stages sont
proposés en France et en Belgique afin d'initier les amateurs et
semi-professionnels aux techniques d'improvisation et de composition
propres au dispositif de la performance VESTIGES. Une représentation aura lieu en
fin de chaque stage!
Concrètement, deux principaux
matériaux seront produits au cours du stage : la mémoire tactile et la
mémoire fossile. Toutes les deux seront abordées par l'échange verbal et
l'incorporation. Cette dernière constituera le travail central du stage
pour tous les participants.
MATÉRIAU 1 : LA MÉMOIRE TACTILE
Et si les empreintes de la tendresse, à même nos corps, pouvaient nous mouvoir?
Dans un premier temps, les stagiaires vont traduire en mots et en mouvements leur propre souvenir de tendresse. Le souvenir d'un regard, une caresse, une étreinte, une main qui se pose... Nous avons tous un souvenir d'un instant de toucher, de proximité physique qui nous a marqué à jamais par sa beauté. Ce premier stade est soutenu par une méthode profonde et accessible à tous les corps: la discipline du Mouvement Authentique.
Dans un deuxième
temps, chaque participant enquêtera sur ce même thème auprès d'un proche
et d'une personne moins proche. On revient le lendemain en stage avec
un "matériau" nouveau, peut-être à des années lumières de son matériau
personnel. C'est là que commence le travail d'incorporation,
"embodiement", technique entre compassion, perméabilité et communication
d'une intention esthétique claire. Ce travail se fait pas à pas et se
structure en regard des autres matériaux rapportés par les autres
participants.
Le tout est progressivement mis en scène à partir du second concept de Vestiges : la mémoire fossile.
MATÉRIAU 2: LA MÉMOIRE FOSSILE
Si
le stage se donne à proximité d'un site remarquable, nous irons à la
rencontre du passé géologique et le traduirons en langage scénique. Dans
le cas contraire, Hélène Marcelle apportera directement les éléments
qu'elle a recueillis durant ses explorations géologiques . Dans les deux
cas, le stage accueillera en présentiel ou en vidéo-conférence un
géologue.
Le matériau géologique va donc côtoyer le matériau
tactile. De nouveaux éléments scénographiques seront introduits :
cailloux, fossiles, terre, textiles et un grand nombre de lampes de
poches! Une structure va se construire, tantôt à l'image des strates
géologiques, tantôt à l'image de la spirale de l’ammonite, ou encore
dans la rythmique du ressac de la mer, celle qui fut chassée par les
montagnes.
REPRESENTATION : WORK IN PROGRESS
En fin de stage, une représentation aura lieu en présentiel ou en distanciel !
RÉSIDENCE ARTISTIQUE 2021
(CETTE PARTIE EST EN CONSTRUCTION // MERCI DE REPASSER PLUS TARD! )
Avant de se lancer dans quoi que ce soit. Il est bon d'appliquer sur soi-même les concepts de VESTIGES. Pendant quelques journées d'occupation de la Chapelle des Pénitents à Mollans-sur-Ouvèze, Raphaël Seguinier et moi-même appliqué le cocktail Vestiges à nos disciplines. Je me suis concentrée sur les aspects de ma mémoire tactile. Raphaël Seguinier a improvisé l'approche géologique avec son laptop et une batterie d'ardoises amplifiées.
EXTRAIT JOUR 0 - Chapelle occultée
"Juste une petite chose. Pas très loin"
Essai lumières artificielles / Travail en solo / Création musicale de Raphaël Seguinier additionnée au montage vidéo.
Travail en solo. Création musicale de Raphaël Seguinier additionnée au montage vidéo.
EXTRAIT JOUR 1 - CHAPELLE OCCULTÉE
Compilation Jour 1 Chapelle occultée
EXTRAITS 2 JOUR 1 - Lumière naturelle
Longue séquence improvisée - La main d'Eva
Première partie: Essai sur la gravité
Eva est une des élèves de mes cours. Un jour, elle a donné sa main à un être imaginaire sur sa droite, puis l'as retirée. Ce matériau est arrivé dans Vestiges et exploités en roue libre pendant la partie centrale de cette vidéo.