"Chaque étape de sa pédagogie à un sens, une importance. Chaque petit pas compte pour nous amener à quelque chose de précis et complet" (Gwendoline, danseuse amatrice, juillet 2022).

"Hélène voit ce qui manque. Elle a cartographié le territoire du corps par la danse et accompagne la conscience au sein de chaque corps" (Aurélien, praticien de QI Gong, juin 2022)

"La pédagogie d'Hélène est une approche pointue et précise... sans pour autant se prendre trop au sérieux" (Solène, danseur amateur, juillet 2022)

SE CONNAÎTRE ET SE RECONNAÎTRE PAR LE MOUVEMENT ET L'ATTENTION

"Pouvons-nous atteindre cet état où danser et prêter attention signifieraient la même chose?" - Daniel LINEHAM, chorégraphe

Vous venez de visionner un montage vidéo d'une séance de danse entre l'enseignante et sa mère. Dans le texte qui suit, vous pourrez saisir un peu mieux la philosophie de mes cours, entièrement inscrite dans l'histoire de la danse contemporaine dont les pionniers ont cela de particulier : ils ont osé se considérer avant tout comme des êtres humains avant de se considérer comme des danseurs.

Beaucoup se retiennent de rejoindre mes cours de danse contemporaine parce qu'ils estiment ne pas être capables, être trop gros, trop vieux, pas assez souples... ou d'être du mauvais sexe, le sexe masculin. La danse contemporaine  dans les milieux ruraux, reste associée au spectaculaire, à l'excellence (un concept rattaché lui-même à l'urbanité). Comment en est-on arrivé là?

La danse contemporaine des années 60 (mais aussi antérieurement) est née d'un acte vital : la connaissance et la reconnaissance du corps. Le corps est le lieu de génération du mouvement. Chaque corps peut ainsi générer une danse unique et authentique.
La composition en danse contemporaine a restitué à ce corps l'Espace et le Temps comme matières d'études et de conscience.
Les cours ont préféré l'improvisation comme outil d'apprentissage plutôt que le miroir et  l'imitation des mouvements du professeur.
Enfin, la composition était enseignée comme l'outil primordial, un outil  existentiel de la présence, de l'énergie, de la communication. Pas de cours de danse sans cours de composition!

Par dessus tout, la danse contemporaine des années 60 s'opposait aux codes esthétiques de la danse moderne. Cette réaction est connue sous le terme de DANSE POST-MODERNE. Une de ses signatures: l'opposition au spectaculaire.

En effet, dès les États-unis des années 60, Anna Halprin et bien d'autres, se sont distanciés du spectaculaire. Pourquoi? Parce que la danse n'est pas qu'un art décoratif, qu'elle n'est pas un produit de consommation (tant pour les publics que les étudiants en danse) et qu'elle ne s'adresse pas qu'à une élite privilégiée en santé et en origine sociale.

Perverse Curating — bureauduroi: Yvonne Rainer's NO Manifesto Le No Manifesto d'Yvonne RAINER.

Ce tournant politique et esthétique constitue la base philosophique et pédagogique de mon enseignement.
C'est celui d'une sociologue-anthropologue et d'une militante qui a dansé et appris auprès de chorégraphes issus de la nébuleuse du post-moderne. Dans les masterclasses et morning classes des compagnies bruxelloises, il y avait des corps de tout âge, de toute condition et de toute origine. Nous utilisions notre sens du toucher, notre sens du mouvement et de l'équilibre pour nous sentir danser. Les pratiques somatiques, Alexander, Feldenkrais percolaient de toutes parts dans ces cours.

Mais, la danse contemporaine, pour le grand public, continue d'être associée au spectaculaire. De quoi ce phénomène procède-t-il? Pourquoi, 60 ans après l'émergence de la danse post-moderne, on en est encore à confondre la danse contemporaine avec un tour de passe-passe ou un tour de force? Le spectaculaire persiste et signe.

Le spectaculaire ne pense  pas. Hégémonique, il  domine naturellement les esprits en excitant en chacun des archétypes et stéréotypes qui organisent le monde et le dictent d'une manière irrévocable. "Panem et circenses", le spectaculaire serait-il le bras armé de la pacification sociale?

Dit autrement, le spectaculaire est sublime : il éteint la réflexion, il s'impose, il submerge les sens. Sur Instagram  et FB, nous sommes inondés par des prouesses physiques spectaculaires de danseurs  où la mise en danger du corps, couplée à la vitesse et la force musculaire, n'est pas sans rappeler une idéologie de la compétition, de la domination ou de la tyrannie du "Beau".

Même dans mon milieu professionnel, relevant des valeurs post-modernes de la danse, il persiste un réflexe étrange dans la communication audiovisuelle des pratiques enseignées. Les vidéos présentent un montage bout à bout des passages les plus subjuguants. Est-ce là notre rôle? Vers quoi les logiques commerciales, la survie et la culture de consommation nous poussent-elles? Quels compromis faisons-nous entre le désir d'attraction et notre éthique en tant qu'héritiers de la danse post-moderne et de ses valeurs?

Le spectaculaire est nécessairement sélectif et artificiel. On le voit opérer dans les Reels de pro de la danse. Le reel est une courte vidéo publicitaire compilant tous les aspects les plus tops d'un artiste. Pour le récepteur du reel, celui-ci influence la perception du travail, modifie le désir et les motivations de pratiquer et surtout: tue le Temps et l'Espace qui respirent à travers l'art du mouvement. Résultats: des néophytes, novices, amateurs (et publics potentiels des cours et spectacles de danse contemporaine) sont dupés.

Les professionnels et publics éduqués à la danse contemporaine ne seront sans doute pas gênés par ces manipulations visuelles, par  ce jeu du sublime. Ils sont privilégiés, ils connaissent les codes. Ce n'est pas le cas des personnes hors-champ de ce groupe social privilégié. Ce n'est pas le cas de la majorité des gens que je côtoie en milieu rural, en Drôme provençale. Eux, ils sont de facto exclus de la façon la plus subtile qui soit: ils s'auto-excluent, car non seulement, ils n'ont pas les codes de la composition mais, plus grave,  ils jugent leur corps. Alors que nombreux aspirent à danser, à s'épanouir dans le mouvement et à se relier via la composition, les pensées limitantes, conditionnées directement par le marché et les réseaux sociaux, font barrage:  Je suis trop grosse. J'ai un handicap. Je suis trop vieux. Je ne suis pas assez musclée. Je suis trop con.

Le sociologue Bourdieu aurait appelé Violence Symbolique, cette dynamique du biais informationnel, de l'identification et de l'exclusion qui sévit entre les privilégiés et les non privilégiés. Mon travail de pédagogue, même s'il n'en a pas l'objectif déclaré, tord le cou à cette violence symbolique. Autrement dit, mes méthodes s'adressent à tous et s'adaptent aux corps en présence. Et pour aller plus loin ensemble, j'aime vous entraîner à composer, à ce que vous teniez les rennes ou créez les règles du jeu. 

Œuvre de toute une vie, se confondant souvent avec elle, l'art de composer est ce qui me fascine le plus. La composition donne les clés existentielles du sens du temps, de l'espace, du corps et de la gravité. Autrement dit, elle donne les clés de compréhension et d'appréhension de tout dispositif humain ou non-humain. Elle donne du pouvoir.

Le pouvoir n'est pas dans la haute voltige. Il est dans la qualité de composer.

Si danser est une question de pouvoir alors c'est:

  • Le pouvoir de s'accepter;
  • Le pouvoir de l'Agir et du Non-Agir;
  • Le pouvoir de communiquer;
  • Le pouvoir de porter et de  recevoir le regard;
  • Le pouvoir de mesurer son énergie, son investissement, son engagement;
  • Le pouvoir de se sentir tout en sentant les autres;
  • Le pouvoir de lire une situation sans jugement;
  • Le pouvoir de saisir cette situation en regard du contexte actuel;
  • Le pouvoir d'être présent.



SÉCURITÉ DANS LA PRATIQUE DU CONTACT IMPROVISATION

Si le Contact Improvisation est une notion nouvelle, inconnue et qui vous interroge, prenez un temps pour lire ce texte qui vous situera comment  je le considère, le pratique et l'enseigne. Bien sûr, ce n'est que mon approche personnelle.

Voici une vidéo illustrative d'une version toute personnelle et soft du "Contact Improvisation" pour mes amis de Drôme provençale, curieux et qui aimeraient en savoir plus avant de rejoindre un cours ici dans les Baronnies.

Cette vidéo fut tournée avec un danseur amateur, Andy Kilian, avec qui j'ai partagé 10 jours d'études du Contact Improvisation à Berlin en 2019. Oui, c'est de l'improvisation totale et ce n'est pas une performance destinée à démontrer quoi que ce soit. On cherche, on balbutie, on apprend à se connaître, on observe nos actions. On ne cherche pas à épater ou à montrer tout ce qu'on sait faire. C'est un temps de pratique.
La seule chose que nous nous étions dite Andy et moi, c'était "On reste ensemble".



Le Contact Improvisation ("Danse Contact" en français) est une technique de danse post-moderne née à New York au début des 70's.Le focus est mis sur l'échange du poids, l'écoute du partenaire à travers le toucher et la gravité terrestre qui nous porte et nous transporte dans des tonicités musculaires et énergétiques très fluctuantes.

La danse n'est pas écrite à l'avance. Le mouvement émerge de la relation. L'intelligence relationnelle, le respect des limites de chacun et l'esprit du jeu y sont donc primordiaux.

En général, dans notre pratique, nous ne montons pas l'un sur l'autre pour effectuer nos petites voltiges ou fantaisies individuelles sur le dos de l'autre. Notre centre de gravité est entraîné au-dessus de celui du partenaire et c'est cela qui provoque l'élévation. Un peu comme un surfeur qui prend une vague: c'est la vague qui, en réalité, l'invite. C'est une règle technique qui a quelques vertus importantes en termes du partage du poids. Mais il peut en être aussi autrement.

En effet, ici, avec Andy, nous nous amusons, complices, avec cette règle en passant parfois volontairement au-dessus l'un de l'autre ou en nous soulevant. Cela rythme la danse et, dans la diffusion de cette vidéo, donne à voir la diversité d'une relation de danse et d'amitié.

Dans ma transmission, j'aborde ces deux cas de figure: la courtoisie du surfeur invité par la vague et l'espièglerie du singe qui saute ou attrape. Ça s'apprend pas à pas car ça soulève pas mal de connotations personnelles et de vécus. Aucun mouvement en improvisation n'émerge libre de toute signification ou appréciation personnelles. C'est pourquoi offrir un cadre de pratique "safe" constitue le socle de mon travail.

Enfin, se situer clairement dans une approche sensorielle et non sensuelle tant dans les intentions que les attentions avec son partenaire mais aussi avec soi-même permet une plus grande liberté de mouvements et d'appuis mais aussi une relation claire. Dans les échauffements, je vous entraîne à sentir vos limites et à les exprimer simplement.